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Comment tirer bénéfice des données géospatiales au Sénégal: deux pistes à suivre

20.07.2022

Des expert·e·s montrent la voie pour développer le secteur
Région ou pays
Afrique
Sénégal
Projet ou initiative
Projet D4D Hub UA-UE

Les données géospatiales, définies comme des informations qui décrivent des objets ou des événements en relation à un emplacement et qui sont obtenues principalement grâce aux satellites, offrent un large éventail d’applications en faveur du développement durable.

Par exemple, les urbanistes peuvent utiliser ces données pour cartographier les tendances en matière de logement et de transport afin de mieux planifier les services publics et les infrastructures. Les informations peuvent également aider les agriculteurs à éclairer leurs décisions et à devenir plus résilients au changement climatique. En bref, leur potentiel est énorme, et permet d’envisager l’émergence de startups dans ce secteur à même de générer de nombreux emplois à forte valeur ajoutée.

A ce titre, le développement du secteur géospatial est devenu une priorité pour de nombreux pays africains visant à tirer le meilleur parti de la transformation numérique, dont le Sénégal.

C’est dans cet esprit que le projet D4D Hub UA-UE « Digital for Development Hub Union africaine — Union européenne » a organisé une série d’ateliers les 1er et 2 juin derniers afin de promouvoir l’utilisation des données géospatiales pour le développement des solutions numériques innovantes au Sénégal.

Cette activité a été facilitée par Expertise France et Enabel, partenaires de mise en œuvre du projet, en collaboration avec l’Ambassade de France au Sénégal, Action SMEs Africa du Programme Copernicus, et les institutions publiques partenaires, notamment le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, la Délégation générale à l’entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) le ministère de l’Environnement et du Développement durable et le Groupe interinstitutionnel de coordination et de concertation en géomatique (GICC).

Les échanges riches et variés, ayant regroupé 120 expert·e·s européen·e·s et sénégalais·es issu·e·s de différents secteurs, ont débouché sur deux principales recommandations de haut niveau reflétant les pistes d’actions les plus structurantes identifiées par l’ensemble des participant·e·s. Ces recommandations montrent une ambition commune du gouvernement sénégalais, de ses partenaires européens, des organisations internationales, du secteur académique, du secteur privé et de la société civile de faire progresser le secteur géospatial dans le pays.

1. La stratégie d’abord

De l’avis des participant·e·s, il est important pour le Sénégal de se doter d’une véritable stratégie et politique nationale de développement du secteur spatial et géospatial qui non seulement en pose le cadre juridique, mais aussi qui soit adaptée aux spécificités du contexte national et aux thématiques prioritaires pour le développement durable et social du pays. Parmi ces priorités figurent la gestion des ressources minières et naturelles, l’appui au secteur agricole (smart agriculture) et à l’économie côtière et maritime (économie bleue), la gestion des urgences environnementales et des espaces naturels, ou encore la gestion de l’urbanisation (smart city).

En rentrant dans les détails pratiques, une telle politique ou stratégie pourrait, sur le volet formation, comprendre la création d’un institut national de formation au spatial et au géospatial, ainsi que d’un laboratoire de recherche d’envergure nationale dans ces domaines. Il a également été suggéré d’adapter les programmes de formation en géomatique au contexte technologique d’aujourd’hui et aux besoins du marché, de prévoir de multiplier les passerelles entre universités, secteur public et entreprises, et de renforcer les partenariats internationaux.

Sur le volet entrepreneuriat, au moment où le secteur spatial international connaît une révolution grâce aux nanosatellites et aux lanceurs réutilisables (le NewSpace), créant un champ immense d’opportunités de nouveaux services, la politique spatiale pourrait inclure la mise en place d’un programme dédié d’accompagnement et de soutien à l’entrepreneuriat innovant dans le secteur et de mobilisation des investisseurs privés nationaux et internationaux.

2. Rassembler les acteurs

La deuxième recommandation propose la création d’un cluster ou hub rassemblant les différents acteurs du secteur géospatial. La structure envisagée pourra être constituée d’entreprises, d’investisseurs, d’universités, de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat et d’utilisateurs potentiels du spatial et des données géospatiales, notamment les administrations centrales et les collectivités locales ainsi que les communautés de la société civile, professionnelles ou associatives. `

Le cluster aura la mission d’animer les différentes communautés : les communautés thématiques comme celle de la formation ou de l’entrepreneuriat, mais aussi les communautés sectorielles, comme celle de la Smart agriculture, aujourd’hui préfigurée par le GIA Hub, hub d’innovation numérique labellisé par l’UE et soutenu par le projet AEDIB|NET, ou la communauté de l’économie bleue, ou encore celle de la Smart city, ces communautés interagissant de façon matricielle.

En capitalisant sur les avancées du Plan national de géomatique (PNG), le cluster devra contribuer à la définition d’un cadre juridique national adapté aux enjeux du spatial pour l’avenir du Sénégal, mais aussi accompagner et faciliter la valorisation des résultats de recherche publique et privée de l’écosystème spatial et géospatial sénégalais, et enfin mobiliser les infrastructures numériques nationales (supercalculateur, datacenters, infrastructure nationale de données) au service des membres du cluster.

Prenant ces recommandations comme base de travail, les participant·e·s aux ateliers ont conclu sur l’importance d’élaborer très rapidement une feuille de route opérationnelle et de promouvoir une concertation plus systématique des pouvoirs publics du Sénégal avec l’ensemble des parties prenantes du secteur spatial et géospatial.

Pour en savoir plus, veuillez télécharger le compte rendu des ateliers :

  • Compte rendu ateliers D4 D Senegal
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